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mardi 1 avril 2014

Elle dépasse le calibrage d’un appel à textes de fantasy et est abattue

Vendredi après-midi, une jeune femme a été retrouvée à son domicile, abattue d’une balle dans la tempe. Appréhendé le lendemain matin, son meurtrier, un directeur d’ouvrage, a affirmé avoir agi "par déontologie".

La victime avait répondu à un appel à textes sur les dragons, pour une maison de micro-édition. "Elle était contente, elle avait deux heures d’avance sur la deadline", confie un ami. La jeune femme avait en effet rendu son texte dans les temps. L’annonce avait été postée sur plusieurs réseaux sociaux et répondait à des exigences strictes : "50 000 signes espaces comprises." Pour une raison inconnue du directeur de l’anthologie au moment de la réception, la nouvelle en comportait un de plus. L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, a aussitôt pris le bus pour se rendre chez la jeune écrivaine. "Elle avait signé de son vrai nom, ce qui inhabituel pour un auteur débutant de fantasy, et avait ajouté ses coordonnées complètes", déplore l’inspecteur chargé de l’affaire.

Pour endormir la méfiance de sa victime, le directeur de l’anthologie a prétexté vouloir l’aider à corriger son texte puis a sorti un revolver et l’a abattue de sang-froid, à son bureau. "C’est assez courant", nous informe Lionel D., lui-même directeur d’anthologie. "Parfois, les auteurs ne respectent pas le thème ou, pire, nous envoient des textes de science-fiction. A ce stade-là, c’est malheureux, mais il n’y a rien d’autre à faire que régler le problème à la source." Lui-même a avoué avoir dû achever un de ses auteurs, l’année dernière : "Il avait tout envoyé en Verdana 11 points. C’est bien gentil de s’amuser avec Word, mais il faut savoir aussi mesurer les conséquences de ses actes. Je ne me tiens pas pour responsable de ce triste résultat."
"C’est bien gentil de s’amuser avec Word, mais il faut savoir aussi
mesurer les conséquences de ses actes."
Le bilan est cependant assez rassurant, surtout depuis la création d’internet. Les auteurs, inquiets, n’hésitent pas à aller chercher des informations sur les forums d’écriture, pour être certains de ne pas commettre d’impairs. Du côté des directeurs d’ouvrage, le débat fait rage. Certains, plus cléments, proposent des châtiments dissuasifs, quand d’autres prônent la matière forte. "Il faut nous comprendre", plaide l’accusé. "Un signe de trop et c’est toute la mise en page qui morfle. Sans parler du fait que les rumeurs vont vite dans ce milieu : si le bruit court qu’on accepte de lire un texte à 50 001 signes espaces comprises, tout le monde va s’y mettre." Et un témoin d’ajouter : "Je chattais avec elle quand elle est morte. Elle a eu le temps d’écrire quelques mots." La victime aurait lâché, avant de s’écrouler sur son clavier : "J’avais vraiment besoin de cette virgule."

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